BOULANGER Lili

 

 

Lili [Juliette-Marie-Olga] BOULANGER, compositrice [1893-1918]

 

Les œuvres de Lili Boulanger me frappent par leur solitude.
Igor Makevitch

« Trop affaiblie pour écrire, Lili Boulanger dicta sa dernière œuvre, le Pie Jesu, durant les premières semaines de 1918. Une page dépouillée, quintessenciée qui réunit une voix de soprano, une harpe, un orgue et un quatuor à cordes. Dans cette ultime expression de sa foi, on remarquera avant tout la pureté d’une ligne vocale toujours servie par la finesse de l’instrumentation.
Lili Boulanger s’éteignit le 15 mars 1918, à moins de vingt cinq ans. »

Alain COCHARD, 1994, livret du disque Naxos Patrimoine Il memoriam Lili Boulanger.

 

Lili BOULANGER est la première femme à obtenir le
Premier Grand Prix de Rome de composition, en 1913
« Une jeune fille de 20 ans à peine, après deux années et demie seulement d’études musicales régulières, qui se présente pour la première fois au concours, devient la première femme à obtenir cette distinction depuis 1802, date de la fondation du Prix.»
Mireille GAUDIN, Lili Boulanger, Compositrices Françaises au XXe siècle,
Association Femmes et Musique, Delatour France, volume I, 2007, p. 52.
 

« Sur la tombe de Schubert, disparu à trente-et-un ans, le poète Grillparzer déplorait la perte ‟d’un riche trésor et d’espérances encore plus belles.” Qu’eût-il dit alors à propos de Pergolèse, fauché à vingt-six ans, d’Arriaga (vingt ans !), de Guillaume Lekeu (vingt-quatre) ou Gideon Klein (vingt-cinq ans à Auschwitz) ? Parmi eux, une femme, ou plutôt une toute jeune fille, Lili Boulanger, disparue à vingt-quatre ans et demi en laissant maints gages d’un génie authentique. Singulière famille, à la vérité : le père de Lili, né en 1815, avait donc soixante-dix-huit ans à sa naissance, sa sœur aînée Nadia mourut en 1979 à quatre-vingt-douze ans, après une riche existence consacrée avant tout à l’enseignement, mais aussi à la propagation de la musique de sa cadette, dont elle avait reconnu le génie au point de renoncer elle-même à la composition. Toute enfant, Lili était déjà de santé fragile, et savait qu’elle ne vivrait pas longtemps. Mais une énergie, une volonté et une foi exceptionnelles lui permirent de tenir tête longtemps aux exigences d’un corps en ruine… ».

Harry Halbreich, Génie, jeunesse, féminité, livret du CD Lili Boulanger, Les mélodies,
Jean-Paul Fouchécourt, Sonia de Beaufort, Alain Jacquon. Timpani 1C1042. 
 

« Le Grand Maulnes d’Alain Fournier… Les Clairières dans le Ciel de Lili Boulanger… Écrits à peu près à la même époque, ces deux chefs-d’œuvre ont d’incontestables points communs dans l’ordre de la spiritualité poétique. L’un et l’autre sont les fruits du rêve et de la magie de l’adolescence. L’un et l’autre sont les maîtres ouvrages d’auteurs d’une extrême sensibilité et dont le destin était de mourir jeunes : Alain Fournier a 28 ans en 1914, Lili Boulanger a 24 ans en 1918… On pourrait poursuivre le parallèle sur divers plans. Il n’y en a qu’un où la différence est énorme : celui de la notoriété. Si les français attachaient autant d’importance à la musique qu’à la littérature, les Clairières dans le ciel auraient dû connaître la faveur d’un large public… et du disque !

[…] Ce qu’il y a de prodigieux dans cette écriture musicale, c’est qu’en dépit de ces admirations pour Fauré et Debussy, elle soit restée si personnelle, aussi originale… »

Clément Dailly, livret du disque Lili Boulanger, Clairières dans le Ciel,
Zeger Vandersteene, ténor & Levente Kende, piano. René Gailly CD99 005.
 

« La musique de Lili Boulanger ne ressemble à aucune autre. Si elle n’est sans doute pas ‟la première femme compositeur importante” comme le déclarait sa sœur Nadia, elle est certainement importante en raison de l’inspiration extraordinaire qui naquit de la situation tragique dans laquelle est se trouva. Il est vrai qu’elle n’eut aucune influence sur le cours de l’histoire de la musique, à l’exception peut-être du fait qu’elle encouragea Nadia Boulanger à suivre ce qui devait être une longue et importante carrière internationale de professeur de composition. Il est également vrai qu’au moment de sa mort, à l’âge de vingt-quatre ans, elle était loin d’avoir développé toutes ses potentialités. Cependant, aucun autre compositeur mort aussi jeune n’est parvenu à une telle réussite.

En fait, c’est à cause d’une santé presque constamment affectée par la maladie et du pressentiment qu’elle ne vivrait pas longtemps que Lili Boulanger devint le compositeur qu’elle fut. Après être devenue, à l’âge de dix-neuf ans, la toute première femme à remporter le Prix de Rome – le prix de composition, alors le plus convoité en France – elle consacra les quelques années qui lui restaient à accepter, au travers de sa musique, une mort imminente. À cause de cette situation exceptionnelle, elle développa un langage harmonique  teinté d’inflexions modales tout à fait unique, indépendamment de celui qui lui fut enseigné au Conservatoire de Paris, et dans lequel on peut aussi percevoir l’influence de Fauré et de Debussy. »

Gerald Larner (traduction Francis Marchal), Boulanger : Faust et Hélène etc.,
livret du disque Chandos, Faust et Hélène, 1999, p. 16.

« La musique de Lili Boulanger, manifestation de génie à l’état pur, exprime avec une acuité, parfois à la limite de l’insoutenable, une vie spirituelle d’une fabuleuse richesse. Mais mêmes ses trop rares éclaircies conservent un fond de gravité et de deuil, reflet d’une tragédie vécue dans une chair martyrisée. Or, l’Esprit transfigure cette souffrance en pure, en bouleversante beauté. »

 

Harry Halbreich, L’Esprit souffle où il veut, présentation du disque Timpani 1C1046

 

Dossiers



 

Tombe de Lili & Nadia Boulanger, cimetière Montmartre © Photos Jean Alain Joubert

Portfolio

 
   
 
   

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